Sur la route de Ghardaia


 

Départ de Toulouse le 28 juillet à 12 heures. Le soleil nous montre le chemin à suivre. Andorre, Espagne. On dort prés de Tarragone.

du samedi 29 juillet au mardi 1 aôut

Il pleut. Nous sommes réveillés par la pluie. On dort dans les voitures. Il pleut tout le matin. Le moral est néanmoins bon, les voitures marchent et la route est longue. Valence, Alicante, très beau, on y dort.

Réveillés par la pluie, symbole ? Tout est fermé, problème de change. Murcia, Sierra Nevada, Grenage (Alhambra). On roule la nuit pour Malaga (vino) et pour Algéciras. « Dix mille » 404 attendent pour le ferry. Les marocains rentrent au pays avec leur argent. Spectacle intéressant et 4 heures d’attente pour les billets. Nuit blanche.


24 heures d’attente, on s’en fout. Gibraltar, prohibido el paso, bains, paysages chargés d’histoire, le rocher, les singes. Bouffe au restaurant, paella  à la valencianna. 12 h au lit, tour de veille jusqu’à 4h du matin.

Le bateau à 7 h , rencontre avec français en Jeep, on les reverra plus tard. Italien avec sa femme en route pour le Niger. On débarque, frontière, bains. Premier souk à Tétouan, souk du cuir. Bivouac prés de Chechaouen , premiers gamins, sympas. Etoiles, beaucoup d’étoiles…. rêves, crapauds.


Mercredi 2 août

Café au lit. On s’arrête dans un petit village. Haschich, haschich…… Un jeune intellectuel anglais et un vieux soldat marocain de l’armée française, tiennent conseil devant une pipe de kif. Présentations, nous allons tous chez eux pour comploter Haschich, thé à la menthe. Qualité 00, saloperie, on en ressort initié. On reprend la route, 2 jeunes hippies avec l’accent de Gennevilliers font du stop, on les prend, un gars et une fille. Tout de suite ils veulent faire un joint, leur petit chat est charmant. On arrive à Ketama au cœur du Rif Marocain où le gouverneur est attendu. La route est bloquée, la fête bat son plein, beaucoup de couleurs. On bouffe, interminable discussion pour le prix dans l’arrière salle et on décale.

Route monotone jusqu’à Al Hoceima. François est chez lui, Didier trouve des bretonnes, Bernard attrape un chat,  les poivrons de Gérard feront-ils des petits ?…. Bonne nuit au bord de la mer.


Jeudi 3 août

Réveil, bains de mer, thé au lit, petit chat. Nous faisons plus ample connaissance avec Moktar. On se baigne toute la journée, cailloux, palmes, masque. L’essai de tente saharienne est concluant. Gérard achète une gandoura, Didier fait une incursion au club méditerranée local dont il revient enchanté. Moktar partage notre journée, et l’on ne s’aperçoit pas que nous ne le connaissons que depuis 24 heures. A 17 h, moment solennel, on échange 700 francs contre 700 dinars algériens sous la tente de Moktar, dinars que l’on n’a pas le droit d’importer en Algérie !…..

Dîner avec Moktar, soupe, cannelloni, salade et joints. Bonne nuit, François rêve de melons qui sont tous justes murs, un peu durs tout en étant ……


Vendredi 4 août

Nous quittons Al Hoceima après une grande lessive de tous, et c’est une équipe soudée qui part à la conquête du Sahara Algérien. Gamins sur la route que chantent les cigales, le paysage change d’un seul coup et c’est un grand plateau désertique que nous traversons. Nous mangeons à Selouane dans le restaurant « très prés de la terre ». Reprise jusqu’à Afhir où l’on passe la douane  Maroc puis Algérie, pas de problème. Les formalités sont un peu compliquées mais tout se passe avec le sourire et le soleil. Les douaniers sont sympas avec nous, on passe 60 litres d’essence, assurance 64 dinars.

Nous sommes en Algérie, et tout de suite les gens changent, l’agressivité disparaît. Route jusqu’à Ghazaouet, Port. On se couche sur les lits de camp, gentiment endormis au son d’un tam tam, sous la garde de fusils de 2 vigiles bienveillants.


Samedi 5 août (un mariage musulman)

Réveil, cigales et fourmis. La fontaine aux jerricans, et l’on fonce jusqu’à Sidna Youchaa, plage où l’on prend un copieux petit déjeuner, café, thé et limonade pour Didier. Nous faisons connaissance du maître nageur Kouider en compagnie des 2 espagnols. Bouffe au restaurant, 5 dinars, thé sous la protection civile. Formidable, on est invité à un mariage ce soir, retour à Ghazaouet avec les deux maîtres nageurs, concert de vielles chansons françaises dans les 2CV.

Nous arrivons chez Kouider, présentation à sa mère, algérienne veuve d’un ancien soldat de l’armée française. « Mon fils, regarde les médailles, alors je vais aller voir De Gaulle à Paris ». Kouider m’a dit comme ça que s’il va en France, il m’emmène avec lui. Alors mon autre fils il a dit « Tu aimes plus Kouider que moi », alors moi j’ai dit, « J’ai cinq doigts dans la main, si on m’en enlève un, ça me fait mal ».

Beaucoup de café, arrivé du frère de Kouider qui est plongeur sous marin. Le métier est dangereux pour l’argent que l’on gagne, il voudrait aller en France mais ne peut pas, car  l’Algérie veut garder sa main d’œuvre.

Les festivités du mariage débutent, la scène se passe dans une cour que borde la maison du jeune marié. Les voisines ont toutes mis la main à la pâte, et on les voit chargées de mille couleurs, voilées, timorées, assises le long de la cour. Elles resteront toute la soirée dans la même position, seul le regard est d’une vivacité extrême dans l’immobilité du voile. Quelquefois on se sent touché par ce regard magique mais le contact ne dure que le temps de voir deux yeux immensément étranges disparaître dans la nuit du voile.

Dans la rue proche de la cour, tables et chaises sont dressées, les hommes mangeront là. Nous sommes cordialement accueillis en compagnie de Kouider, et mangeons la chorba, puis l’agneau et un couscous sucré qui n’est pas sans rappeler la semoule de nos premiers jours.

Promenade digestive, présentation au marié animé d’une nervosité que nous ne comprendrons que plus tard, et le cercle des hommes se ferme sur la place nuptiale. Les musiciens apparaissent dans leur gandoura tout de blanc vêtu. Premier youyou des femmes à l’apparition du « folklore », le marié s’assied sur le tapis d’honneur, nous y sommes invités. Et la fête commence, 3 tambours larges, 2 tambours en terre et un instrument composé de 2 cornes de taureaux mènent la danse d’un rythme agréable. Les musiciens dansent, jouent  et s’arrêtent toutes les minutes devant un homme qui se met à danser et qui donne de l’argent au « folklore ». L’argent donné une voix s’élève pour donner bonheur aux jeunes mariés, chacun danse et paie à son tour. Le marié fume cigarette sur cigarette, animé d’un sourire ou la joie se confond avec une inquiétude non dissimulé.

Mais où est la mariée ? dans une chambre, nous dit Kouider, en compagnie de sa mère st de ses sœurs.

Le rythme est prenant, indéfinissable, il a soulevé Gérard qui va danser devant le jeune marié. Bernard et Didier conversent avec le frère du marié qui est passablement saoul de bonheur et d’alcool. François prend des photos. Les femmes youyoulent , elles sont heureuses. La musique cesse, et viennent les dons aux mariés, chaque ami donne de l’argent (10, 20, 100 dinars), un crieur public cite l’ami et la somme le tout ponctué par le youyou des femmes, qui ne sont pas insensibles à la somme versée. Nous buvons thé sur thé que l’on tient à nous offrir. La fête continue, et les billets poussent sur le turban des musiciens, le marié disparaît, il est allé faire un tour nous dis t-on.

Une heure plus tard, un formidable youyou de joie accompagne une petite fille qui brandit un drap taché de rouge, c’est le sang de la jeune fille, de la jeune mariée. Spectacle choquant ? absolument pas,, il est repris dans le chatoiement des couleurs, dans l’immense passé islamique. Mais ceci est pour les femmes, les hommes continuent à danser, et nous les rejoignons.

Le mariage est réussi, et le rythme s’empare des corps, l’argent s’accumule dans le sac des musiciens. Les gens partent alors, nous n’aurons jamais vu la mariée. Un dernier et allons dormir chez Kouider, et les yeux des femmes tapissent nos rêves.


Dimanche 6 août

Lever 8 h, au revoir Kouider, nous aurons de la joie de te revoir. Route direction Oran, sans problème, sinon un resserrage de boulons de roues et une vidange. Petit déjeuner sur la route, puis arrivé au port d’Oran qui est fermé, direction la plage puis sieste réparatrice.

Nous sommes invités par de jeunes algériens à partager leur squatt pour la nuit, dans un immeuble de l'état. Chansons et bonne bouffe dans un environnement un peu crade, mais le vin algérien coule à flot et déforme la réalité.


Lundi 7 août

Triste réveil, l’appareil photo de François resté dans la 2CV a été volé dans la nuit. Nous nous étions laissé endormir par la fatigue et l’accueil des gens, leçon de la vie. L’enquête ne donnant rien, nous partons dans Oran et oublions dans des débauches de bières.  Nous passons à la banque pour obtenir les fameux bons d’essence, 120 litres pour chaque 2CV.

Nous quittons Oran, ville de peu de chance, arrêt à Mascara, achat bouffe au marché, on nous fait cadeau d’un oignon et d’une aubergine.

Bivouac 50 km après Mascara sur la route de ……..


Mardi 8 août

Lever à 5 heures, c’est le bon rythme. On file jusqu’à Tiaret sans oublier de tomber en panne d’essence. On se retrouve sur la route d’Aflou Laghouat. Nous roulons sur des hauts plateaux dans une région pré désertique. La chaleur devient omniprésente, les gigantesques Berliet Pipe Line remontent du sahara, appel de phares , les 2CV sont bien petites face à de tels engins. François découvre un bébé varan. Quelques problèmes de carburation sur la JS 03 que l’on met sur le compte de la chaleur. Arrêt à Aflou, gargote, eau, thé, puis on file sur Laghouat, où l’on fera le plein. Des ratés dans le pot, arrêt, contrôle allumage et carburation. Quelques arbres nous incitent au bivouac, soupe et pâtes, puis dodo au son de Vivaldi. Au milieu de la nuit Didier : « C’est la tempête,  on est dans un oued, il faut partir », on se retrouve dans les voitures prêts à décaler, mais tout redevient calme.


Mercredi 9 août

Le soleil se lève sur le désert, et nous émergeons avec le souvenir de la nuit agitée. La JS 03 ne veut pas démarrer, le filetage d’une bougie a cassé et impossible de faire une réparation de fortune, Ghardaia n’est pas trop loin, on la rejoindra en remorquage. L’arrivée dans la capitale du M'Zab bordée de plusieurs collines est une première étape à la porte du Sahara, toutefois encore sur le goudron. Il nous faut trouver une solution pour réparer la 2CV. Rencontre avec des français en Peugeot 403 qui remontent de Tam, le moral remonte au fil de  leur récit, on mange dans une gargote ensemble, il nous donne des indications sur la piste et notamment la localisation de la guelta de Tiguelguemine environ 100 km au sud d’In Salah. Robert nous prête son appareil photo, ce qui permettra à François de faire des photos du voyage, c’est très sympa, on lui rendra à notre retour en France. Direction le garage Simca Land Rover où l’on laisse la 2CV pour réparation. La soirée est très chaude, la température descend peu jusqu’à minuit. Bonne nuit.


Jeudi 10 août
Lever tôt, rencontre avec 3 mecs et une fille allemands qui traînent leurs sacs sur des roulettes. Nous parlons anglais, ils sont différents de la faune grand voyageur habituelle. Visite au garage où les travaux avancent bien, puis l’oasis pour passer les heures chaudes, nous commençons à boire beaucoup (de l’eau), prés de 4 litres par jour. Visite d’une mosquée, que nous atteignons après un dédale de rues inextricables où les ânes se frayent un chemin parmi les gens. Rencontre avec des suisses qui remontent d’In Salah après quelques mésaventures (ensablements à répétition et un mec déshydraté). On se pose à Beni Isguen la ville sainte (la plus dévote du M’Zab) pour la nuit, cafards et scorpions